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Personnaliser

Black Book Éditions, le site de référence des jeux de rôle

Roman Pathfinder en approche ! 07/01/2011

Fort de son succès grandissant et d'une qualité qui ne se dément pas avec le temps, la gamme Pathfinder s'enrichit peu à peu de nouveaux supports stimulant notre imagination. Après les suppléments de background destinés aux MJ et  les compagnons Pathfinder conçus pour les joueurs, l'exploration du monde de Golarion se poursuit à travers une gamme de romans.

Et quel roman ! Le Prince des loups, le premier opus de ce qui s'annonce comme une longue série, vous emmènera en Ustalav sur les traces d'un duo d'enquêteurs confronté à un mystère disons... "gothique" !

Le Prince des loups sera disponible en librairie et boutiques spécialisées très prochainement. En attendant, voici en intégralité et en preview le prologue du roman, à savourer sans modération !

Bon week-end à tous !
 

Prologue


Radovan se réveille dans le noir. Ce n’est pas un rêve.

Il gît sur le ventre, la bouche pleine d’ail. Avec un haut‑le‑cœur, il repousse cette masse immonde de la langue. Il sent qu’il a les bras liés dans le dos, les pouces attachés très serrés par ce qui lui semble être une ficelle rugueuse. Il perçoit l’odeur de la sève de pin et sa joue droite colle là où elle se presse contre le sol. Le pont d’un bateau ?

L’agonie crépite dans tout son corps, lui martèle le crâne, rugit le long de sa colonne vertébrale, tambourine dans ses épaules et hurle dans ses genoux et ses tibias. Une vague de nausée s’abat sur lui et il ne parvient plus à distinguer l’écœurement du mouvement. Comment se fait‑il qu’il soit déjà de retour sur un bateau ? Ce n’est pas un rêve.

Il glisse à droite, son épaule meurtrie se pressant contre un mur. Il se cambre et sa tête touche une autre barrière, à quelques centimètres. Il essaie de plier les genoux mais ses fesses se heurtent au même plafond si bas. Est‑il dans une sorte de vide sanitaire ? Il bascule à gauche et le sol bouge en même temps que lui. Derrière les murs qui l’entourent, une voix étouffée crie quelque chose comme « Le diable vivant ! » Radovan n’est pas sûr que ce soit les mots exacts. Son varisien est encore hésitant mais il réalise qu’il se trouve dans une boîte. Un cercueil.

« Vivant ! » hurle‑t‑il, mais sa langue est engourdie par l’ail qui s’était dissout dans sa bouche pendant dieu savait combien de temps avant qu’il ne le recrache.

« Laissez‑moi sortir ! » pense‑t‑il dire.

Le cercueil penche fort d’un côté et oscille avant que les hommes ne le déposent à terre, toujours à l’envers. Les voix s’élèvent et se disputent mais Radovan ne distingue que quelques mots : « mort vivant, » « mort pas mort, » « diable » et « malédiction » ou quelque chose d’approchant. Il perd une seconde à se demander pourquoi il est couché face contre terre et une autre à s’interroger sur la raison pour laquelle on lui a lié les pouces. Ensuite, il se concentre sur ce qu’il doit faire pour y remédier.

Il ramène à nouveau ses genoux sous lui, en essayant d’ignorer la douleur écœurante et d’ouvrir le couvercle du cercueil. Un clou grince mais il ne bouge guère. Il n’y a pas assez de place pour faire levier. Radovan se jette d’un côté puis de l’autre, dans l’espoir que l’un des éperons de ses coudes s’enfonce dans le bois tendre, dans une des parois. Le lien qui attache ses pouces l’empêche de mettre la moindre force dans ses coups mais son poids suffit à soulever les bords du cercueil, bom, bom, bom.

« Vivant dedans ! » hurle‑t‑il. « Pas mort ! Pas mort ! »

Des pas s’éloignent du cercueil et dehors, les hommes baissent la voix pour conférer. Radovan espère qu’ils sont partis chercher un pied‑de‑biche, des marteaux, une hache, n’importe quoi qui lui permette de sortir de ce cercueil. Il s’est déjà glissé dans des conduits plus étroits auparavant, parfois dans des canalisations d’égout et même un jour à travers des toilettes particulièrement immondes pour entrer dans les caves privées d’un noble chélaxien, mais jamais sans la peur moite qui l’accompagne invariablement dans des endroits aussi exigus. Et elle le gagne à présent, elle se love le long de sa colonne vertébrale, comme un chat mouillé qui vient de sortir d’une rivière glacée.

Il entend que l’on s’active dehors, mais rien ne s’approche du cercueil. Quelqu’un entasse quelque chose à côté. Des outils ? Des armes ? Une pensée désagréable traverse l’esprit de Radovan. Ils empilent du bois.

Il cherche désespérément à se souvenir d’une expression utile en varisien, n’importe laquelle, mais elles s’envolent toutes avant qu’il n’arrive à s’en rappeler et il se rabat sur les mots qu’il connaît le mieux. Impossible de ne pas le comprendre à présent. Un jour, une putain de Caliphas lui assura qu’il jurait comme un véritable fils de l’Ustalav.

Le cercueil se soulève à nouveau, tremblant dans des mains effrayées. Il imagine les hommes dehors qui se penchent le plus loin possible de la caisse, terrifiés à l’idée de laisser leur cœur trop près du diable qui se trouve à l’intérieur. Ils se précipitent vers l’endroit où Radovan les a entendus entasser du bois et le cercueil s’envole, offrant à Radovan une demi‑seconde de vertige en apesanteur avant de s’écraser sur ce qui, au bruit, semble être un bûcher digne d’un roi des linnorm. Les brindilles craquent encore sous son poids quand il entend le souffle des torches qui s’embrasent et le raffut des hommes qui les lancent sur le bois.

Radovan se débat et se contorsionne. La ficelle lui entaille les pouces et du sang chaud forme une mare sur sa peau. Il lance un violent coup de pied vers le bas mais le rugissement des flammes qui montent couvre le bruit de l’impact de son pied nu.

Ces bâtards m’ont pris mes bottes, se dit‑il. Et pendant une folle seconde la simple idée de la somme qu’il a donnée au sellier d’Égorian pour ces bottines rouges fait dévier le cours de sa colère. « Rendez‑moi mes putains de chaussures ! » hurle‑t‑il. Il ne se rend pas compte qu’il s’est remis à parler en taldorien, la langue commune.

Il sent la chaleur du feu sous lui. Un petit coup de chaud ne le dérange pas, il sort les poêles en fer des fourneaux sans maniques, mais ses yeux se mettent bientôt à larmoyer. Les flammes deviennent si vives qu’il les voit à travers les minces fissures au fond du cercueil. Il sait ce qui va se passer et, pendant une seconde, il se demande s’il n’aurait pas mieux fait de les laisser l’enterrer vivant.

Ce n’est pas un rêve.

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