du cyberpunk et du pastaga 1
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Voici pour votre aimable détournement une ébauche grossière de scénar/campagne pour (initialement) Cyberpunk 2020 qui va finir avec le système de Shadowrun (5, sans métatypes, et presque sans magie. Juste "presque". Bon, OK, disons que les PJ peuvent y avoir accès alors que la population générale n'a qu'une chance sur un milliard d'être éveillée, ce qui donne de bien beaux problèmes de RP, la chasse aux sorcières ayant à nouveau cours puisque... "les bonnes gens n'aiment pas que l'on ait plus de drôles de pouvoirs qu'eux")
Ne cherchez pas de cohérence avec le 6ème monde, a priori, il n'y en a aucune. Par contre, vous pouvez reprendre et modifier/transposer/bidouiller/faire ce que vous voulez avec ces idées. Mon public personnel pour les palpitantes aventures de runners borderline est hélas limité, je n'ai plus de contact dont la patience reste compatible avec mes longs développements épistolaires hors sujet, aussi vous offrir quelques idées me fait plaisir. Il y aura forcément quelqu'un parmi vous à qui elles peuvent servir, et ainsi elles ne seront pas totalement inutiles.
Sous le soleil, les balles
"Un atelier clandestin de montage de meubles d'une célèbre enseigne internationale vient d'être démantelé dans une cave de la barre HLM de la Cité des Fleurs. Nous rappelons à nos téléspectateurs que la Cité des Fleurs est un projet d'architecture urbaine de la fin du XXème siècle au nord est de Marseille. Pendant la descente de police, trente cinq personnes ont été interpellés, dont 29 mineurs défavorisés et handicapés et leurs éducateurs, tous membres de l'Eglise des Démunis de l'abbé Paul. Deux gangers ont également été abattus et un troisième grièvement blessé, ainsi que trois policiers plus légèrement atteints. Des sources proches du dossier indiquent que cet atelier était tenu par la famille Magiani, parrains du milieu bien connu. Ikea n'a pas souhaité réagir publiquement. Officieusement, le porte parole de la marque explique que ces ateliers porte atteinte à l'image de la société et font de la concurrence à ses propres ateliers de bienfaisance, où elle emploie des jeunes défavorisés en échange d'une éducation minimale. C'était Dan Dulourdet pour CNN France. A vous Paris"
Dom Bernardo Magiani est certes le parrain de la Cosa Nostra à Marseille, où elle détient plus que de simples intérêts depuis qu'elle en a chassé les russes il y a trente ans, mais c'est aussi un mécène et un catholique sincère qui soutient à bout de bras les oeuvres de charité, dont la soupe populaire qui nourrit une bonne partie de la plèbe phocéenne et les ateliers clandestins de montage de meubles Ikéa, filiale de Säder-Krupp. Ces ateliers font vivre des jeunes des milieux défavorisés, souvent handicapés ou orphelins, contre une éducation aussi poussée que leur permettent leurs capacités. Bien sûr, la famiglia pioche généreusement dans ses bonnes oeuvres pour se fournir en filles et gros bras pour ses autres activités, mais pour dom Magiani, c'est une simple relation d'entreaide. La plupart de ses protégés n'ont pas les capacités mentales de s'élever bien haut, y compris dans la mafia, et pas loin de 70% des jeunes qu'il prend sous son aile n'ont aucun lien avec ses activités illégales. Sauf le montage de meubles Ikea. Quant à l'Eglise des Démunis de l'abbé Paul, ses structures d'aide sont limitées et toute opportunité de soutien est bien trop précieuse pour être négligée, surtout que la famille Magiani est catholique, pratiquante, et bien sous tous rapports, et même en odeur de sainteté auprès de l'évêque (qui lui doit son poste en raison des petits retours d'ascenseur politique), du cardinal (qui lui doit son poste en raison d'une habile campagne médiatique pour étouffer un scandale de pédophilie naissant), et même du pape (qui lui doit... son poste en raison de l'appui du capo à la réunion di tutti capi pour que la Famiglia, via l'Opus Dei, le soutienne). L'abbé Paul déplore d'avoir à se compromettre avec la mafia, mais les temps sont durs, et les coeurs plus encore, alors pour en sauver 100, il accepte d'en sacrifier partiellement 30.
Qui donc avait intérêt à faire plonger l'atelier, alors ?
Un rival, bien entendu. Dom Magiani n'a pas que des amis, surtout dans sa propre famille. Ses trois cousins, bras droits et seuls héritiers sont prêts à tout pour récupérer plus que leur part actuelle des affaires. Il s'agit de Rimondo Magnelli, fier à bras gominé en charge du racket et des jeux illégaux, de Lou Domingo, mari d'Esmeralda Magiani qui n'a aucun goût pour les affaires, à la tête des gros bras pour les actions brutales mais aussi des experts en sécurité... et contre sécurité, et de Felipe Dellabora, qui tient le secteur des filles et des films, du showbiz, comme il dit si bien. Riri, Fifi et Loulou, chacun de son côté, serait tout prêt à tuer le vieux si le crime pouvait passer inaperçu, mais ce n'est pas le cas. Tenter de le faire tomber en portant le chapeau des multiples affaires illégales ou semilégales de la famille semble plus jouable, et surtout moins coupable : après tout, ce sont tous des catholiques pratiquants, mais pas forcément croyants, sauf peut-être Rimondo, qui refuse tout ce qui touche à la drogue et trouve que Lou est un arriviste détraqué et Felipe un idiot efféminé. Remarquez, Lou pense que les Magiani sont des crétins arriérés qui ne savent pas exploiter les conditions du nouvel ordre et devraient se mêler d'imposer plus clairement et directement leurs vues aux politiciens véreux. Esméralda est une caricature : elle ne sait rien, ne veut rien savoir et ne voit d'ailleurs rien, aussi longtemps que ses moyens financiers restent assez colossaux pour satisfaire ses envies. Lou n'est pour elle qu'un bellâtre qui a cessé de la faire rêver depuis longtemps, mais les liens sacrés du mariage... Le poids des habitudes... Elle soupire parfois d'amour pour un autre, comme une chatte en chaleur, se fait couvrir vite fait par un inconnu, ou allume Lou qui la prend pour la forme et pour entretenir l'illusion qui n'a fait que servir ses intérêts. Elle ne veut rien en savoir, de ça non plus. Elle refuse absolument de le comprendre et se complaît dans son rôle de bonne soeur des pauvres. Cette descente de police la choque et l'attriste profondément. Quant à Felipe, il souhaite développer le trafic de drogues, mais les traditions s'y opposent ; pourtant, il est de toute la famille le mieux à même de se rendre compte du manque à gagner, et de la position dangereusement conquérante des yaks et des triades sur ce sujet, sans compter les basanés. Ah parce que oui, le Felipe est aussi raciste et discrètement membre de la Sezzione Aquila.
Quant aux trois gangers, il s'agit simplement des membres du gang local qui s'assurent de la "sécurité" des affaires sur leur territoire. Dom Magiani les tolère aussi longtemps qu'ils ne brutalisent personne et ne demandent pas des sommes trop importantes. Et ne recrutent pas les jeunes, ou n'essaient pas de les corrompre, de les pervertir ou de leur vendre de la drogue. L'un dans l'autre, quelques doigts brisés ont régulièrement remis les idées en place aux petites frappes. Mais justement, Khabir al Mansour de son vrai nom Mohamed Djambala Moussa Sidi-Etafieh, le caïd de la cité, en a sa claque du viox et il a des contacts assez bons avec les cousins de l'Akhwan pour qui il deale en gros et au détail afin de financer la Jihad, et qui en échange le laissent seul maître de la willaya de Marseille dans leur futur plan d'occupation. Bien sûr, un black, c'est de la crotte pour les Frères, mais aussi longtemps que Moussa est un outil pour la Jihad, qu'Allah le bénisse ! Une fois la région assez déstabilisée et vérolée par al Mansour, c'est Ali Ben Merkhat, le vrai chef du réseau des Vrais Croyants, qui prendra le pouvoir. Al Mansour a déjà deux de ses blacks de gardes du corps totalement subjugués par leurs maîtresses reubeues, elles mêmes entièrement dévouées à la cause. Un remake de McBeth aux pays des mille et une nuits ?
Igor Kamenski, le second couteau de la mafia russe, retranchée à Nice, s'est donné comme mission de briller aux yeux de Petrov Irtebetvicth Doschenko par la reprise de Marseille. Il y conduit des opérations d'intimidation, de trafic de filles et de drogues, et quelques activités légales de couverture, tout en soutenant un gang de motards qui lui servent aussi en partie de bras armé. Quand il ne bosse pas pour les médicorpos locales. Ah mais du coup, il a aussi ses entrées dans le milieu des cliniques (semi)légales d'augmentation et de thérapie génique, et de là des intérêts financiers très importants auprès des "amis" des charcudocs haut de gamme. Bref, contrairement aux triades qui ne sont que des gangs de combat dans les ruelles de la vieille ville et aux yaks qui oeuvrent surtout à préserver le calme autour des villas de leurs daimyos, dont les centres d'intérêts sont plus au nord, près des enclaves corporatistes, lui, il joue dans la cour des très grands et potentiellement très méchants. Et ça, c'est mauvais pour les affaires, comme le dit dom Magiani. On dit aussi qu'il aurait le béguin pour Charlotte, l'une des filles que Magiani a élevées dans ses ateliers, et désormais escort de luxe assez proche de lui, au point de s'attirer la malveillance de Felipe et la jalousie des deux autres neveux, mais si les sentiments ne doivent pas prendre le pas sur le boulot, ils pourraient bien mettre le feu au baril de poudre de la vendetta.
Du côté de la police, Paris vient de lui faire parvenir un superflic pour prendre la main sur sa corruption endémique. Ca moufte sévère dans les commissariats remis au pas d'un régime paramilitaire, sous les ricanements de la gendarmerie qui, jugée trop peu malléable, avait été chassée de la ville et de ses abords par les politiciens, et avait eu malgré la faiblesse des moyens octroyés à la justice aussi bien qu'à l'armée la douloureuse et difficile tâche de tenter d'endiguer les trafics en tous genres. On dit dans les rues que si la police revient, c'est pour éviter d'être remplacée par un groupe de sécurité privé, et l'un dans l'autre, sauf cas rare, les braves policiers sont toujours aussi susceptibles de fermer les yeux, pour peu que ça ne porte pas trop à écorner l'image que Superflic tente de lui redonner. C'est que le bougre, Sébastien d'Urviliers, compte parmi les rejetons les plus brillants de la puissante oligarchie, s'est forgé une réputation d'efficacité parfois brutale, et tient absolument à la conserver. Il a accès à toutes les ressources de l'Etat (pour ce que ça vaut encore, c'est à dire guère plus qu'une milice privée mal équipée et démotivée servant de gardiens autour des résidences privées d'une élite qui, elle, a des armées privées de haut niveau), mais aussi de la famille d'Urviliers, de Choiseul-Gouffier par sa femme, Aurore, quand même, excusez du peu et circulez, y a rien à voir. Il se voit comme le conquérant libérant la ville du règne despotique des malfrats, relevant la Cité tombée bien bas depuis que l'Etat et la Nation n'y règnent plus, et c'est bien une guerre qu'il entend livrer, avec tous les outils à sa disposition. Il est intelligent, retors, impitoyable, est le bon droit, et n'a aucun scrupule et aucune moralité pour lui barrer le chemin du succès. C'est l'étoile montante de sa génération, et il suscite autant d'admiration que de jalousie et d'envie parmi sa caste. Et les femmes. Quel dommage que le futur homme fort de la Res Publica soit déjà marié. Il ne laisse pas Esmeralda Domingo-Magiani insensible, par exemple. Aujourd'hui Marseille, demain...
Bref, Marseille sera toujours Marseille, mais maintenant, vos malchanceux PJ y sont "den la mouiseux" et vont devoir galérer pour s'en extraire. Comptons qu'ils sauront y gagner des ennemis à vie, et que leurs amis ne le resteront pas longtemps, en vie.