Corsaire et reglement 20
Forums > Jeux de rôle > JdR Black Book > Pavillon Noir
Sur la page wikipedia des corsaire, il est écrit :
Règles administratives au retour de la course
- Le capitaine corsaire déposait à l'Amirauté son rapport de mer dont l'examen par les officiers d'administration déclenchait une procédure de plusieurs jours.
- Personne n'avait le droit de descendre à terre avant que les officiers d'administration n'aient dressé le procès verbal d'inspection du navire, vérifié que les scellés apposés par l'écrivain de bord sur les coffres, malles et armoires de la prise fussent intacts.
- Ensuite ils apposaient leur sceau sur les écoutilles pour éviter que des parties du butin de prise ne fussent débarquées à la nuit tombée.
- Enfin, ils interrogeaient les prisonniers et les menaient vers les prisons de la ville.
Alors seulement, l'équipage pouvait quitter le navire et attendait le verdict du Tribunal des Prises, nécessaire avant la vente aux enchères du butin de prise.
J'aimerai savoir si c'était juste la théorie, ou si, dans les antilles français, ces regles étaient appliqué précisement ? Sinon, est-il choquant de dire que certain gouverneur et/ou capitaine étaient laxiste et laissaient l'équipage déscendre de bord avant la fin de la procédure ?
(J'envisage un scénario qui commence en tant que corsaire durant la guerre de 7 ans)
Merci
"S'agissant d'une distinction juridique, elle n'est réelle que dans le cadre d'un Etat de droit, et même d'un Etat de droit bien installé ; aux Antilles, quand la présence étatique et les tribunaux sont physiquement absents ou minimes, la distinction pirate/corsaire vole en éclats pour donner le flibustier. "
Donc je dirais que pour la guerre de 7ans, les règles devaient êtres appliquées précisément même aux Antilles. Pour le 17e siècle et la début du 18e siècle,ama, c'est le contraire les règles sont plus ou moins ignorées ou appliquées de manières assez laxiste aux Antilles. Où le pouvoir royal est plus faible que celui des gouverneur locaux. Et appliquées plutôt précisément en métropole où le pouvoir royal est plus fort que celui des gouverneur locaux.
Pas sur que de telles règles existaient avant Richelieu ou Colbert, donc le milieux du 17e siècle toutefois. La manie de faire des règles pour tout et n'importe quoi et de vouloir tout réglementer, prend naissance avec ces deux là.
Donc je dirais que pour la guerre de 7ans, les règles devaient êtres appliquées précisément même aux Antilles. Pour le 17e siècle et la début du 18e siècle,ama, c'est le contraire les règles sont plus ou moins ignorées ou appliquées de manières assez laxiste aux Antilles. Où le pouvoir royal est plus faible que celui des gouverneur locaux. Et appliquées plutôt précisément en métropole où le pouvoir royal est plus fort que celui des gouverneur locaux.
Pas sur que de telles règles existaient avant Richelieu ou Colbert, donc le milieux du 17e siècle toutefois. La manie de faire des règles pour tout et n'importe quoi et de vouloir tout réglementer, prend naissance avec ces deux là.WolfRider4594
Pour donner quelques exemples :
- Woodes Rogers fait condamner John Auger et ses hommes, malgré l'absence d'un juge.
- Le gouverneur Spotswood envoit le lieut Maynard attaquer Barbe Noire en toute illégalité : il n'a aucune juridiction sur la Caroline du Nord.
Quelles que soient les règles en vigueur à l'époque, il faut se rappeler que la corruption était énorme, y compris en métropole. Les charges publiques ordinaires s'achetaient et se transmettaient par héritage, les offices étaient moins dans le commerce mais se transmettaient quand même par héritage lorsque le détenteur s'acquittait de la taxe paulette. Les douaniers étaient hautement corruptibles. A certaines époques, le commerce direct était interdit avec certaines colonies (privilège de la compagnie des Indes ou d'autres compagnies), mais là aussi les fraudes devaient être nombreuses.
En complément à mon message précédent, il ne faudrait pas croire que cela signifie que les corsaires ou les pirates pouvaient vendre librement leur butin et acheter librement ce qu'ils voulaient. La liberté de commerce était très relative à l'époque. Toute cette corruption implique plutôt que "tout est possible si l'on s'arrange" et donc qu'il faut payer. Cher, très cher. Bref, un corsaire peut parfois payer au gouverneur plus que les taxes sur sa prise, simplement pour ne pas devoir attendre la fin du procès de la prise, qui pourrait durer des années. Un pirate payera peut-être plus cher encore, à moins qu'il se soit entendu avec un "honnête commerçant" local.
Donc, dans la seconde moitié du XVIIIe, même aux antilles, l'administration pouvait être tatillonne à l'excés et privé un équipage de sa prise tant que celle-ci n'avait pas été dument enregistré et validé par un juge.
Du coup, il faut jouer avec la coruption, la contrebande (on cache une partie du butin avant l'arrivé au port), etc. Ce qui peut donné de bonnes histoire annexe à la trame principal.
Je viens de regarder comment ça s'organisait d'un point de vue législatif et effectivement, il y a largement de quoi faire pour bien faire ch... les joueurs. La course est ainsi réglementée trés précisément dès 1681 (plus quelques ordonnances fin XVI et début XVII) par une longue ordinnance de plus de 45 articles avec des amendements tout au long des 2 siècles suivants.
La surveillance "active et tatillonne" ne commence vraiment qu'à partir de 1720-1730 avec cependant un durcicement bien visible dès 1685-1690.
C'est d'ailleurs ce désir de "mettre de l'ordre" (et donc d'alimenter les caisses du Roy...) qui a entrainé le déclin de la flibuste française de St Domingue (et accessoirement son départ de masse pour la Mer du Sud, ce qui sera bien regretté lorsque les espagnols lanceront leurs raids sur Petit-Goave). Bien plus que toutes les paix du monde et autres explications colonialistes.
J'ai communiqué toute une série de sources au Capitaine sur le sujet (en plus de quelques autres trucs bien jouissifs...) qui ne manquera pas, j'en suis certain, d'en faire bon usage pour vous expliquer tout ça avec moults organigrammes résumant les régles et les exceptions...
- DSC1978
J'avais lu une analyse legerement differente. Suite a la prise de Carthagene, il y a eu une prise de conscience francaise qu'on ne pouvait laisser un groupe aussi puissant sans lui demander de rendre des comptes...
Je pense ceci dit que les coffres royaux étaient effectivement un peu vides egalement... plus le fait que la flotte francaise ne pouvait etre aussi presente que celle anglaise et neerlandaise dans les Caraibes.
C'est surtout essentiellement qu'effectivement, ça "commençait à faire du monde" qui ne jouait pas le jeu en donnant la petite côte-part prévue au Royaume...
Et accessoirement que tout ces gens étaient certes fort utiles en cas de baston mais qu'ils étaient quand même un peu trop "electrons libres" d'un point de vue géopolitique locale. Sur ce point on est bien d'accord, mais... on va dire qu'une juste répartition des bénéfices arrange généralement bien les choses la plupart du temps.
Vendre "plein pôt" des denrées ou des esclaves pris en course au même prix aux planteurs français et aux autres sans faire de distinguo nationaliste et, en plus, ne rien donner au Roy (enfin son subordonné...) qui vous a délivré votre Lettre n'est peut être pas la meilleure idée du monde.
Et si en plus vous n'acceptez pas de vous constituer en "armée" aux ordres d'un état qui souhaite désormais coloniser de façon stable pour vraiment exploiter et commercer...
Plus tu avances dans la chronologie et plus tu assistes à une inversion : l'état et ses représentants font tout pour ralentir les paiements des "fournisseurs" quitte à réglementer un truc de plus histoire de...
Ce qui explique en partie la "Revolte" de la flibuste qui tourne à la piraterie ou à minima à la "fraude fiscale" et la contrebande.
- Renaud Maroy
Ca commence plus tôt que Carthagène : dès 1661, et s'intensifiant à partir de 1680. Voyez dans Les Carnets... vol 1 -> "Activités pirates" à Port-Royal de la Jamaïque. Vous verrez que les pendaisons commencent plus tôt, et sans raisons pour beaucoup.
Vous êtes bien optimistes sur l'honnêteté des autorités plus caractérisées par leur violence et leur impunité. Il semblerait que les condamnations pour piraterie dépendent plus de circonstances politiques très localisées dans le temps et l'espace que des faits reprochés. Les colonies vivent dans l'ivresse des prises faramineuses des flibustiers jusqu'en 1680. Imaginez des Emirs arabes qui viennent dépenser tous leurs sous tous les mois en quelques semaines dans un petit bled paumé et vous en aurez une petite idée. Lorsque les prises diminuent légèrement, c'est vécu comme une gueule de bois, et ces charmants mécènes, alors que votre bled s'est bien développé et a structuré son commerce, ne sont plus utiles. Ils commencent à devenir une nuisance, qu'il faut éliminer, malgré leur aide passée. Le sentiment s'affirment en 20 ans, puis démarre la Guerre de Succession d'Espagne.
Attention je n'ai jamais dit que les autorités étaient des saints. Et je ne parle que de la flibuste française de St Domingue (descendante de celle de Saint Christophe) que j'étudie en ce moment comme tu le sais (au passage tu n'as que jusqu'au 1er Août pour le WE Transfert, fin du message perso.. ).
Je ne vais rien t'apprendre mais pour préciser le sens de mon propos, Levasseur par exemple prelevait tres largement sur les prises à des fins personnelles quand il dominait la Tortue mais s'est quand même bien fait enflé au final par de Poincy alors meme qu'il avait repris l'île aux anglais et par la même pouvait s'en considéré comme propriétaire de conquête. Ses heritiers perdront le procès qu'il avait entamé en France sur des bases pas franchement cleans. Et il se fait buter peu après le lancement dudit procès.
Rappelons pour la forme aussi que Levasseur est un flubustier protestant assez "agressif envers les cathos" alors que son successeur est etonnement un corsaire quasi hospitalier (il ne prononcera jamais ses voeux mais bon...). Et une de ses premières mesures est de réduire les "taxes" tout en favorisant la flibuste selon des règles plus "normales" mais bien réelles de prises. Cela reste cependant assez souple on va dire.
Ça passe encore au debut avec d'Ogeron, qui est un boucanier et qui connait donc le coin. Jusqu'a ce qu' il decide de créer le Cap-francais et surtout de réclamer l'application et le respect des règles de prises....
C'est son neveu et successeur, de Pouancey, qui déclenche vraiment les "hostilités" à partir de 1676-1677. En s'etonnant très très tres fort du nom respect des regles de prises (donc du peu d'argent qui rentre) et du fait que les flibustiers ne jouent pas le jeu de la preference nationale. C'est aussi lui qui défini Port-de-Paix comme nouvelle capitale tandis que ses opposants flibustiers choisissent une sorte de capitale officieuse (rien d'insurrectionnel, juste une forte présence "naturelle") : Petit-Goave.
De Pouancey tire vraiment à boulets rouges sur la flibuste et ce jusque chez Colbert quI trouve ici une âme damnée puisqu'il ne reve que de planteurs et d'une vraie économie antillaise qui rapporte enfin. Pouancey va même plus loin en s'adressant directement au Roy pou lui expliquer ce que devrait être un "bon" flibustier selon lui.
Le point de rupture entre le Pouvoir Central et la flibuste reste, a mon sens, la reunion houleuse entre de Cussy, successeur de Pouancey, et les flibustiers de St Domingue sur l'île aux vaches. La grande majorité d'entre eux refuse de le suivre alors qu'il prepare un raid contre les espagnols et s'embarquent pour la Mer du Sud. Ironiquement de Cussy meurt durant une bataille contre les espagnols avec 300 boucaniers. Boucaniers qu'il rêvait de désarmer pour en faire des agriculteurs.
Avec Du Casse et De Pointis, c'est les "100 jours" de la flibuste. Avec des chefs flibustiers devenus maréchaux.
Bref, on a la a la fois des histoires de pognon, un peu de religion et une évolution géopolitique specifique puisque l'on passe d'une période de conquête d'une zone laissée quasi-vacante par les espagnols (on est gouverneur de Santo domingoo le temps d'amasser 50 000 avant de laisser sa place à l'heureux suivant, une quasi-institution comme usage) à une période d'exploitation economique de l'espace géographique qui est partagé entre puissances de façon assez stable.
Les flibustiers servent comme hommes de main, ont la paix tant qu'ils font circuler le pognon (aux autorités ou à l'économie locale) mais gênent dès lors que les intérêts géopolitiques et économiques changent et qu'ils se mettent en travers de la route. Fin des chefs de guerre, place aux administrateurs.
Que cela soit la même chose à Port-Royal un peu plus tôt n'est pas choquant, les anglais ont toujours été meilleurs commerçants et surtout coloniaux que les français.
Tout ce petit monde n'est pas gentil mais les flibustiers ne sont pas non plus des victimes du système. Ce sont eux qui l'ont mis en place dès le debut (tous les administrateurs ont été boucaniers, corsaires ou flibustiers). Ils en ont bien profités pendant un siecle (a la louche) et se sont fait au final fumés par le sens de l'Histoire. Naissance - Apogée - Mort. Des aventuriers quoi dans un contexte quelque peu différent de la Révolte à mon sens.
Passé cette époque et se prenant de plein fouet le phenomene pirate (un "effet de bord" naturel des flibustiers puis la suite logique de l'évolution des choses), les autorités encadrent très étroitement les activités notamment concernant les prises par la suite. En freinant des 4 pieds pour honorer leur part du "contrat".
Que cela soit la même chose à Port-Royal un peu plus tôt n'est pas choquant, les anglais ont toujours été meilleurs commerçants et surtout coloniaux que les français.
Phil
Je parlais il est vrai des Anglais de la Jamaïque. On ne peut pas dire que ces derniers aient brillé en matière de gestion des flibustiers, et si les flibustiers avaient plus en tête que leur port d'attache n'est pas juste un point de départ de leurs raids, la Jamaïque ne serait pas resté longtemps anglaise. Avec ses navires de guerre miteux, rongés par les vers, aux voiles littéralement moisies, avec la révolte des esclaves marrons qui gronde à quelques pas de Port-Royal, avec principalement une simple milice pour faire face à des surhommes en matière de combat, je n'aurais pas misé un rond sur l'Angleterre.
Il faut être fou ou savoir les flibustiers aveugles pour oser changer les termes d'un contrat entre le moment où le flibustier quitte le port et le moment où il y entre avec ses prises parce qu'un traité a été signé de l'autre côté de l'océan, et ça sur une vingtaine d'année. Samuel Bellamy quarante ans plus tard l'avait compris, les colonies anglaises étaient (encore plus au XVIIe) très vulnérable. Mais voilà, les flibustiers sont comme des gamins avec leurs pièces de huit plein les poches devant les tavernes et les bordels de Port-Royal, et ne voient pas la fin venir.
Je connais mal les anglais (mais ça va venir avec ce que je dois te filer encore) mais comme ça, je dirais que les anglais ont très vite compris que la partie se jouait bien plus au nord et que les West Indies n'étaient qu'une position stratégique pour en quelque sorte occuper les espagnols, les hollandais et les français. Y laisser jouer ses éléments turbulents à permis une vraie colonisation plutot tranquille (tout est relatif) plus au nord. Les espagnols ont rapidement été évacués de la Floride. Restait la France avec le Canada en affrontement direct, la Louisiane étant certainement accessoire par rapport aux futures 13 colonies (et un joli coup finalement pour se débarrasser facilement des "encombrants" lors du grand dérangement ).
Et dire qu'ils ne savent pas gérer niveau colonies est peut être vrai dans les West Indies mais ils ont vite appris en Inde puis fort differement mais tres efficacement en Chine.
Les flibustier a St Christophe c'est vers quelle époque du 17e siècle ? Je vais mener une campagne des Lames du Cardinal faisant suite à la campagne Arcanes, donc vers 1645-46 pour le début, en utilisant les scénarios du Hollandais Volant de PN2 comme base et trame générale. Donc je suis preneur de toutes infos sur la flibuste des années 1640. Faudra aussi que je regarde dans les Carnets de Vercourt s'il n'y pas des trucs exploitables.WolfRider4594
Tu trouveras les noms des flibustiers de Saint Christophe dans Les Carnets du capitaine Francis de Vercourt vol 1 (j'espère bien que c'est exploitable). Ca commence théoriquement en 1625 et on peut dire que c'est terminé en 1660. En pratique, ça commence fort en 1639 avec Philippe de Longvilliers-Poincy et ça se termine avec lui en 1660.