Un JDR ou AP, peut-il être engagé ? 767
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Quand on connait la force du sentiment religieux chez Tolkien on peut se demander si les croyances constituent une forme d'engagement.
NapalmGlop
Dans son cas, il est clair que son bagage fait office – sciemment ou non – d'engagement. Je veux dire, le camp du Bien – situé dans l'hémisphère nord, soutenu par la lumière omniprésente de ses archanges (Valar, Galadriel, Mithrandir) ou de l'intervention salvatrice de ses anges (Aigles), appuyé des blonds Rohirrim – opposé au camp du Mal – situé dans l'hémisphère sud, mené par une force maléfique immatérielle (allégorie de l'obscurantisme religieux ou de l'athéisme, c'est au choix), et soutenu par les Haradrim du désert à la peau sombre, la masse populeuse des orques à la peau verte, ou encore les Orientais basanés (Swarthy Men).
J'ai à peine besoin de caricaturer. La qualité de son travail linguistique et sa constance à développer son oeuvre forcent le respect. Pour le reste, c'est en fonction des sensibilités quoi...
- Fabien4927
- et
- Damon
Il s'est inspiré des littératures germaniques anciennes donc une telle lecture est peut-être un peu anachronique si l'on ne tient pas compte du contexte du matériau d'origine. Celui-ci est centré sur sa propre culture, mais dans ce cadre précis on peut noter chez Tolkien des nuances humanistes plus larges, tout de même.
- Gollum
Il s'est inspiré des littératures germaniques anciennes donc une telle lecture est peut-être un peu anachronique si l'on ne tient pas compte du contexte du matériau d'origine. Celui-ci est centré sur sa propre culture, mais dans ce cadre précis on peut noter chez Tolkien des nuances humanistes plus larges, tout de même.
Fabien4927
Et il y a une bonne partie de son oeuvre (notamment la partie "mécanisation" de la guerre par les orcs) qui fait écho à son expérience et ses traumas dans les tranchées en 14/18. Pour le coup, certains érudits de Tolkien émettent depuis un moment l'idée qu'en réalité, les orcs sont plus une représentation des forces armées allemandes que de peuplades issues d'afrique.
Tout à fait... Et puis je trouve toujours un peu rude de critiquer un auteur du passé à l'aune de nos problématiques actuelles (Hergé en fait beaucoup les frais par exemple). Bien sûr que Tolkien était marqué par sa culture, avec sa vision du monde hyper occidentalo-centrée, et qu'elle ressortait donc forcément dans son oeuvre, qu'il le veuille ou non. Mais le lui reprocher de nos jours, avec notre culture à nous, toute la décolonisation et les efforts de réflexion qui en ont découlé, bref, tout ce dont nous avons bénéficié depuis (et pas lui), n'est pas très juste.
Que dira-t-on de nous et de nos pratiques rôlistiques dans 100 ans ? Je pense que Jay nous en a donné un très bon exemple avec tout l'esprit nauséabond que l'on peut lire dans AD&D (et sans doute même dans la 5e édition, sans avoir besoin de chercher très loin : trucider des créatures d'une autre culture pour aller leur piller leur trésor tout en se vantant d'être "bon", ce n'est pas vraiment reluisant)...
Alors, est-ce que cela est suffisant pour remettre en cause les valeurs humanistes, altruistes, et tous les éventuels engagements de la quasi totalité des rôlistes ? Ben, si on peut si facilement condamner avec raison Tolkien ou Hergé, pourquoi nos concitoyens du futur s'en priveraient-ils ?
- Julien Dutel
le camp du Bien – situé dans l'hémisphère nord, ... opposé au camp du Mal – situé dans l'hémisphère sud
Euh, ... Les 2 camps ne sont pas dans l'hémisphère nord ? Avec le Mordor à l'est.
Edit : après un passage sur wikipédia, c'est plus complexe que ça, on n'a pas de notion d'équateur. Mais il y aurait des ressemblances avec notre terre et l'équivalent de l'Afrique, de l'Asie, de l'Inde seraient présentes sur les cartes de Tolkien mais n'interviennent pas dans les livres.
- Utilisateur anonyme
- et
- Fabien4927
Je plussoie Tolkien est un excellent exemple des limites de l’exercice. J’explique, au cours des décennies ces écrits ont été utilisés comme étendard ou cherché à être réapproprié par… en gros tout le spectre idéologique politique (sauf les communistes sans doute ?) : nazis dans les années 30, hippies et écolos dans les années 60 -70, plus récemment c’est à nouveau l’extrême-droite qui se le réapproprie en réinterprétant les symboliques à leur vision.
La réalité c’est que ce que nous voyons dans les écrits de Tolkien en disent bien plus sur ce que nous sommes (nos convictions idéologiques profondes, celles qu’on ne veut pas s'avouer, ou qu’on avoue d’ailleurs) que ce qu’a écrit Tolkien. Dis autrement on trouve dans Tolkien ce qu’on veut bien y voir, ce qu'on y amène quoi.
Si on replace dans le contexte, Tolkien écrit une mythologie anglo-saxonne, il y injecte toute sa spiritualité catholique, sa révulsion du monde industrile et de la guerre industrielle (Grande Guerre), c’est Isengard, et son regret pour les campagnes traditionnelles, la douce Comté, les forêts des elfes, les Rohirrim.
[message supprimé]
La réponse est oui. Si tu regardes les définitions de l'engagement, tu trouveras de listé une cause, des valeurs, ou une croyance.
Les croyances religieuses peuvent amener à des formes d'engagement très diverses. Si on cherche les extrêmes, qu'elle forme d'engagement serait supérieure a être prêt à sacrifier sa vie pour une croyance ?
Bref, l'engagement c'est pas toujours très positif.
- Utilisateur anonyme
Nos concitoyens du futurs jugeront notre société à l'aune d'autres préoccupations encore. Qui pourraient tout aussi bien être bien plus traditionnalistes et religieuses qu'aujourd'hui que plus progressiste (au sens actuel du terme). On ne sait pas du tout comment la société va tourner.
Mais je pense qu'ils ne s'en priveront pas, et nous paraitrons tous archaïques dans notre aproche de la société (quel que soit le bord du spectre vers lequel tout ça finit par pencher)
- DSC1978
- et
- Gollum
Est ce ne pas nous accorder trop d'importance? Juge-t'on vraiment les générations précédentes ? Je pense qu'on réalise tous de plus en plus (et l'actualité de ces dernières années et certainement des prochaines le démontre) que les choses peuvent basculer rapidement d'un côté comme de l'autre. Mais peut-être me trompe-je...
Nos concitoyens du futurs jugeront notre société à l'aune d'autres préoccupations encore.
Julien Dutel
Oui, il est même probable qu'ils soient assez critiques sur le fait qu'on ait pollué outre mesure en produisant du matériel ludique à 8,000 kms aux seules fins d'économiser quelques dizaine d'euros sur le produit fini. Si ça se trouve, eux joueront avec des cailloux et des batons.
Est ce ne pas nous accorder trop d'importance?
Non, nous serons les parents, les grands parents et les ancêtres des générations à venir. D'une manière ou d'une autre, il y aura une lecture de l'époque à l'aune des valeurs de ceux qui nous succèderont.
Juge-t'on vraiment les générations précédentes ?
On en parle, et ce n'est souvent pas dénué d'un certain jugement. Rien dire "au XXIe siècle"... "On en est encore dans ces bigoteries ? Mais on est au XXIe siècle.", "On a toujours pas compris que [insérer truc problématique] c'est plus d'acutalité en 2021 ?", ou autre "ce mec vit encore au XIXe siècle."
Ce qui est ancien est souvent utilisé pour rappeler qu'on a avancé et que la société a progressé.
(et c'est évidemment en contradiction avec l'appel à l'Histoire pour appuyer un propos ou une opinion... Mais on est pas à un paradoxe près ^^ )
Tout à fait... Et puis je trouve toujours un peu rude de critiquer un auteur du passé à l'aune de nos problématiques actuelles (Hergé en fait beaucoup les frais par exemple).
Gollum
Après, il y a une différence entre critiquer un auteur du passé et se questionner sur ce que l'on fait de l'héritage. On voit déjà, dans les exemples donnés ci-dessus, comment une oeuvre de fantasy donnée peut être sujette à interprétation en fonction de la façon dont on la fait entrer en résonnace avec tel ou tel événement de la vie de l'auteur.
Mais se demander ce que l'on fait aujourd'hui de l'héritage de la fantasy du XXè siècle, à l'aune de valeurs qui évoluent, je trouve cela intéressant.
Dans la mesure où l'expression "une oeuvre engagée" me semble porteuse d'un sens (par métonymie peut-être, j'espère ne pas me tromper de figure de style...), les deux définitions proposées me semblaient au minimum incomplètes, il est vrai.
Quant à invoquer Gödel, je suis sincèrement convaincu qu'il y a bien des propositions dont la validité ou la fausseté restera toujours indécidable, y compris (et surtout) des propositions qui portent sur le "monde réel".
Que dira-t-on de nous et de nos pratiques rôlistiques dans 100 ans ? Je pense que Jay nous en a donné un très bon exemple avec tout l'esprit nauséabond que l'on peut lire dans AD&D (et sans doute même dans la 5e édition, sans avoir besoin de chercher très loin : trucider des créatures d'une autre culture pour aller leur piller leur trésor tout en se vantant d'être "bon", ce n'est pas vraiment reluisant)...
Gollum
En fait, je faisais référence à Tomb of Annihilation 5e
- Gollum