Pour les acharnés de l'orthographe 65
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Je suis tombé sur cette vidéo sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=5YO7Vg1ByA8&t=14s&ab_channel=TEDxTalks
Pesonellement j'ai trouvé cela extrêment éclairant (en plus d'être drôle). Et vous?
Du coup je crois que je ne reprendrais plus jamais personne sur sa façon d'écrire français.
- Fabien4927
Ça commence à "dater", cette vidéo, elle a été assez virale pour justifier tout et n'importe quoi, et régulièrement des gens en repostent le lien par-ci par-là, je ne sais pas pourquoi. Bref, un spectacle humoristique très divertissant, on rigole bien devant, moi y compris, mais rien de sérieux. Le seul problème, encore une fois (car comme les articles qu'on trouve sur internet), c'est que le public ne connaît rien au sujet, donc avale tout, et le rire, le divertissement, est une formidable manière d'apprendre... encore faut-il savoir ce qu'on apprend.
Et je t'invite à reprendre n'importe qui sur sa façon d'écrire ou non français, si tu le souhaites, tant que tu y mets les formes et que tu le fais avec bienveillance (ou bonne vaillance) et pédagogie. On ressort toujours grandi d'apprendre ou de comprendre un fait de langue ou de langage, encore plus quand il s'agit de sa langue maternelle. De la même manière que je peux reprendre quelqu'un qui se trompe de résultat en calculant une opération, ça ne peut que l'aider.
- Dyvim Star
Ismaren, +1. Tu a tout dis.
En effet, avant de citer Saussure, mieux vaut mettre ses saussettes...
Désolé, un moment d'égarement...----> [-]
non sérieuses ne veut pas dire forcément fausses
C'est spectacle humoristique, ne l'oublions pas mais si tu veux un exemple, le premier qui me vient est l'exemple du "s": c'est drôle, c'est bien fait ... mais cela ne fonctionne que pour le "s", avec le "b" ce serait tout de suite moins drôle et beaucoup plus court comme démonstration. Ce n'est donc pas sérieux comme argument de se baser sur le "s" pour établir une observation générale de la langue française mais ce n'est pas le but = le but c'est l'humour.
- Dyvim Star
De toute façon, ils ne disent pas que l'orthographe, il faut faire n'importe quoi, ils disent juste que c'est complexe pour rien et qu'on pourrait le simplifier (mais de manière normalisée) et tendre vers un son, une transcription. Et pourquoi pas.
Et le "b" peut être muet (plomb). Et on peut être sérieux en faisant rire, ce n'est pas sur le même axe.
Non, pas "sous-entendu fausses", simplement non sérieuses, c'est-à-dire qu'il ne s'agit ni d'un livre ou d'un article scientifique ni d'une conférence ou d'un colloque scientifique ni d'un séminaire ou d'un cours contrairement à ce que dit la description de la vidéo, je cite : "ce spectacle conférence". Qu'est-ce donc que cela ? Une conférence que l'on regarde ? Comme toutes les conférences en définitive, non ? En fait, c'est bien ici le sens de spectacle comme représentation. Et j'y reviendrai
Et qu'entre autres choses dans cette même description, on peut lire qu'ils s'appellent eux-mêmes des "Linguistes dilet(t)antes", sauf que les cocos (terme affectif tout de même), si vous enlevez un t à dilettante, le mot ne se prononce plus de la même manière... En outre, le e final muet ne les dérange pas. Ça commence très mal, pour des linguistes.
Je peux détailler, oui. J'ai regardé à nouveau "ce spectacle conférence" en prenant des notes au fur et à mesure, notes que je retranscris ici (attention, c'est long) :
_DÉBUT_
"Juger l'orthographe" ? Drôle d'idée. Qu'est-ce qu'elle a fait ? Le point de départ est déjà très discutable, étrange.
Orthographe = un outil, d'accord, mais un outil a forcément une utilité, une finalité, ce à quoi il sert. Donc l'orthographe, un outil pour quoi ? On passe sur la question, donc déjà un énorme trou dans la méthode, puisqu'on ne définit pas vraiment l'orthographe.
Exemple : le son s comme dans "régisseur"
s (bon, si on ne met qu'un s à régisseur, ça fonctionne moins bien, forcément)
ss
c (devant certaines voyelles seulement)
ç (ibid.)
sc (ibid.)
t (en fait ti pour /si/, pas t tout seul)
x
z
th
sth (en fait, non, c'est simplement s, th est muet, ce n'est pas la combinaison de consonnes sth qui induit la prononciation en s, donc s)
cc
sç (très spécifique, lié à la flexion verbale)
"trois façons de prononcer s", alors non deux façons de le prononcer, dans le dernier cas, étant muette, la lettre ne se prononce pas. On oublie en plus le cas par exemple du déterminant "les" qui ne se prononce pas de la même manière que "le" sans s. Cas assez fréquent pourtant.
pas de t à abri > oui, ça vient de abrier*, donc pas de t, le verbe abriter est ensuite construit par analogie, par exemple avec les autres verbes cités. Le fait qu'ils ne l'expliquent pas montre bien qu'encore une fois, on est là pour s'étonner en riant, pas pour apprendre.
Inventer un mot > super démonstration...
programme algorithmique n'a aucune valeur, puisqu'il y a des règles orthographiques et d'autres d'usage qui s'appliquent en français. Par exemple, impossible d'écrire casanier "kazanyé", car on ne pourrait pas alors former le féminin casanière, on devrait écrire "kazaniée", bien que j'imagine que dans l'hypothétique réforme de l'orthographe à venir, le "e" muet sera supprimé, pratique pour reconnaître le féminin par exemple.
Donc 240 manières différentes d'écrire un mot qui n'existe pas, quelle démonstration ! En réalité il n'y a aucune manière d'écrire un mot qui n'existe pas, puisqu'il n'existe pas. Et ça, ce n'est pas spécifique au français, mais à toutes les langues. Même les néologismes se forment à partir de mots existants (spoiler : d'où peut-être un intérêt de conserver dans la graphie même l'histoire des mots).
Le participe passé après avoir
Passons là encore sur la confusion entre adjectif et participe, bref...
L'histoire des moines : plein de clichés débiles et un exemple inventé, non relevé, pour illustrer. L'histoire en elle-même est à la mode en Belgique (justement, nos deux linguistes sont belges).
Exemple d'autant plus faux qu'en vieux français, on écrirait plutôt ainsi : "Jésus a les pieds lavés" avec le COD enclavé, ou comme en français d'aujourd'hui, le complément directement après : "Jésus a lavés les pieds". Tout le blabla qu'ils ajoutent entre le verbe et son complément est une forte exagération qui n'a pour but que de faire rire et de soutenir un argument (cette histoire de moines qui seraient mal chauffés et incompétents...) non seulement discutable mais fallacieux.
Ainsi, on ne s'embarrasse certainement pas d'une analyse explicative et on évite à tout prix de parler de morphosyntaxe, de concordance, d'attribution (etc.), que de gros mots(!), car ce serait dommage d'instruire le public. Or l'accord du participe passé dans les langues romanes est un domaine très important de la recherche linguistique depuis des siècles, qui a produit une importante littérature, mais pourquoi la convoquer après tout, alors qu'on peut se contenter de raconter une histoire drôle ?...
Puis, petite leçon de morale sur l'esprit critique, alors qu'eux-mêmes, réduisant un champ d'étude linguistique à un spectacle humoristique, range bien le leur quand ça les arrange pour faire rire le public.
"Avant le XVIIe siècle > tout le monde écrit comme il veut" ? Non. C'est un poil plus compliqué. Des discussions sur la langue, il y en a toujours eu, elles ne sont pas apparues au XVIIe siècle, et la copie des moines était déjà une forme de normalisation, d'uniformisation par monastère. Encore une fois, simplification car vulgarisation.
L'inutilité de l'Académie française (pas de linguiste, en fait un seul, je crois) > OUI, il faut le dire et le répéter. Même les réformes qui concernent la langue sont menées par une commission extérieure à l'Académie française. C'est à peu près tout ce qu'il y a de certain à retenir de la vidéo d'ailleurs.
Pour ce qui est de la complexification de l'orthographe au XIXe siècle décidée par une élite, il faut surtout se remettre dans le contexte du XIXe siècle, c'est on peut le dire le siècle de l'avènement des sciences, de la rationnalité de plus en plus, or les cultures antiques, notamment grecque et romaine, donc le latin et le grec ancien, jouaient un rôle déterminant dans la formation de n'importe quel étudiant, savant, érudit, professeur, intellectuel, etc., qui sont ceux qui écrivent. La volonté donc de conserver ou de créer une orthographe historique, étymologique, allait de pair avec les études, la recherche scientifique, avant même l'école obligatoire, puisqu'il faut attendre 1882 pour qu'elle le soit. Donc une orthographe qui convenait à l'usage et aux besoins de ceux qui écrivaient à l'époque, c'est-à-dire encore une très faible proportion de la population. Bref, tout un contexte complètement éludé par nos chers linguistes.
Encore une fois, énorme confusion sur la conservation ou l'introduction des consonnes. Pourquoi a-t-on conservé principalement voire uniquement les consonnes d'origine latine ou grecque, et pas d'autres langues pourtant influentes en français ? Simplement parce que ce sont les langues savantes (le latin n'a jamais cessé de l'être jusqu'à l'aube du XXe siècle encore). Encore une fois, il faut faire le lien avec la question qui écrit à l'époque de ces décisions. Évident, on n'en parle pas, de sorte qu'on peut pointer des contradictions qui en réalité n'existent pas. Ou comment tromper son monde.
Encore une fois, erreur des intervenants, puisque quiconque connaît un peu son latin, si je puis dire, ou plutôt son grec, sait que stile est devenu style sous l'influence du grec στυλος, car oui, les racines latines et grecques sont très souvent communes, puisque les deux langues sont indo-européennes, mais là encore ils se gardent bien d'en parler.
Bien joué pour économie qui devrait s'écrire avec un "œ", mais là encore mauvais exemple, puisque "œ" en français se prononce /eu/ (je vous épargne l'alphabet phonétique) en début de mot et non /é/ (sauf quand influence d'un s justement). Le rapprochement avec fœtus est donc malvenu.
De même fantôme qui n'est pas phantôme, d'accord, mais ce n'est pas un mot savant encore une fois, le f remplaçant le ph est même tout au contraire une altération populaire déjà présente en latin. Bref, quand on ignore l'histoire d'un mot, on peut l'utiliser comme exemple pour tout et n'importe quoi.
Argument très biaisé encore de "les Italiens, les Espagnols, etc, ils n'ont pas besoin d'une orthographe historique pour faire de l'étymologie", et ? Quel est le rapport ? Quand on écrit orthographe à la place d'ortografe par exemple, on ne fait pas de l'étymologie quoi qu'il arrive ; des tas de gens, même 99% des gens peut-être écrivent un mot tel qu'orthographe sans se dire : "Ah oui, je l'écris comme ça, parce que ortho vient de ça et graphe vient de ci." Non, ils l'écrivent, point barre. Là encore, cela démontre le manque de rigueur de ces monsieurs qui, s'ils avaient correctement défini ce qu'est l'orthographe au début, et s'ils ne s'étaient pas contentés de s'arrêter au mot magique "outil", n'auraient pas dévié ainsi de leur sujet pour parler de recherche étymologique.
"C'est beau, parce que c'est compliqué." Non, sans déconner, ils ressortent ce vieux poncif ? Hahaha. Vraiment très drôle. Si ce n'est pas brosser dans le sens du poil le public, ça...
"Spécificité de la langue française." Oui, c'est une des rares langues, si ce n'est la seule, à adopter une orthographe historique, presque, pourrait-on écrire, étymologique. Dommage de ne pas s'attarder sur cette spécificité, et de se contenter de la critiquer. Un peu comme si on se disait : bah il ne reste plus qu'un panda sur terre, tout le reste, c'est des ours, peignons le panda en ours. Argument débile, je sais, mais rigolo, non ? Moi aussi, je peux l'être... ou essayer. Ce qui est drôle, c'est que dans tous les domaines, on loue la diversité comme richesse, mais la langue française comme diversité linguistique, on n'en veut pas, on n'en parle qu'en mal, étrange...
Après l'algorithme cassé, l'application. Ils font vraiment tout pour être au top de la mode technologique. C'est important de bien présenter quand ce qu'on présente est un peu bancal.
L'orthographe d'apparat est née elle-même d'un jeu, et a donc pour but le divertissement, elle n'a rien de scientifique ni de linguistique. Difficile de fonder un argumentaire là-dessus. On peut simplement l'utiliser comme exemple incongru, comme le font ces deux linguistes. Mais elle n'a pas d'autre portée que de s'amuser.
"Le sens de l'effort." Non, sans déconner, ils ressortent ce vieux poncif ? Hahaha. Vraiment très drôle. Si ce n'est pas brosser dans le sens du poil le public, ça...
Attendez, j'ai une sensation de déjà lu tout d'un coup...
"On ne va pas faire moins, on va faire mieux." Avec des slogans pareils, ils devraient se présenter aux présidentielles.
"La simplification constitue bien un nivellement par le haut." Affirmation non démontrée. 0/20. Facile de dire que si on gagne du temps, on peut le consacrer à autre chose, en vérité, si c'était aussi simple que ça, ça ferait longtemps qu'on aurait fait le "bon" choix.
Discrimination par l'orthographe. Oui, comme discrimination selon la manière de s'habiller, de parler, de se comporter, selon le niveau d'éducation en général, selon l'origine ethnique, si on a des tatouages ou des piercings, si on a des hobbies bizarres qu'on partage sur internet, etc. Je continue ? Faut pas croire, dans les autres pays, mettons en Allemagne ou en Roumanie, l'orthographe est peut-être plus simple, car plus phonétique, mais une erreur de grammaire, que ce soit de conjugaison, de syntaxe et même une erreur d'orthographe, car ce n'est pas parce que l'orthographe est quasi phonétique qu'on ne peut pas faire d'erreur (une coquille est vite arrivée), c'est tout autant discriminatoire. Savoir écrire la langue, c'est une nécessité pour un bon nombre d'embauches, en France ou ailleurs.
L'orthographe n'est pas sacrée. La preuve, elle ne cesse de changer et elle continuera de changer. Pourquoi existe-t-il une résistance à son changement ? Simplement parce qu'on en revient au principe fondamentale de la langue qui est aussi celui de l'orthographe, mais comme le terme orthographe n'a pas été défini... Ce principe, c'est la communication. Pour communiquer au sein d'une même communauté culturelle que l'on veut unie, on adopte une orthographe commune, or tout changement n'est pas suivi par tout le monde au même moment, ce qui nuit à la communication. Eh oui, car ils parviennent tout de même à tenir presque 20 minutes sur l'orthographe sans jamais mentionner les fautes et la nature des fautes, à savoir que si vous lisez "régiseur" avec un seul s, vous ne lisez pas le mot "régisseur". Les fautes d'orthographe modifient la prononciation des mots et donc les mots eux-mêmes. Mais chut ! N'en parlons surtout pas, ce serait dommage d'apporter des nuances.
"Appauvrir la langue." Oui, par définition, comme dit plus haut, la langue française (orthographe comprise) est unique au monde. Viser une orthographe à l'italienne, à la roumaine ou à la turc, phonétique, ce serait perdre en effet quelque chose d'unique. C'est indéniable. Est-ce que cette perte provoquerait un manque ? C'est un autre débat, certainement que non d'ailleurs.
"On parle de valeur tout court." Ben, ça nous avance. Ils peuvent être encore plus évasifs ou c'est leur maximum ?
Et la citation qui conclut magnifiquement un discours d'abord parfaitement répété et huilé, ensuite démagogique à souhait, puisque la citation est encore une fois livrée sans aucun contexte ni explication, c'est la conclusion du Two Men Show.
_Fin_
Voilà, ça paraît critique, parce qu'on m'a demandé de l'être, mais en réalité, j'aime bien la vidéo et la revoir m'a plu, c'est simplement qu'encore une fois, c'est du divertissement, rien de plus. Malgré ce que j'ai pu écrire, je ne remets pas non plus en cause les connaissances de ces deux linguistes, simplement je reste conscient du fait qu'ils ont écrit un spectacle à partir de leurs connaissances, rien d'autre qu'un spectacle, fort divertissant du reste et qui invite certes à la réflexion, mais surtout à l'étude et à la recherche.
Je ne dis pas non plus que ce qu'ils disent est faux, archifaux et mégafaux, c'est même globalement juste, simplement discutable car tout de même approximatif, vulgarisé. C'est d'ailleurs le propos de ce genre de vidéos, elles sont là pour faire naître une discussion, pas pour qu'on se braque contre elles ou au contraire qu'on se range aveuglément, sans aucun esprit critique, parce que cela flatte notre pensée, derrière le discours de leurs auteurs.
Si vous voulez de la discussion cependant, en voilà, pourquoi tant blâmer l'orthographe des mots, alors que la polysémie des mots elle-même est un casse-tête encore plus grand ? Rien que le mot spectacle, on pourrait en tartiner des pages et des pages, alors que son orthographe est, elle, très claire, bien qu'il est vrai qu'on puisse l'écrire spektacle ou spektakle ou scpektacle ou spaiktacle... Non mais franchement, vous y croyez ?
Pour ma part, je donne demain un cours sur la Révolution française (c'est faux), j'ai regardé cette vidéo : https://youtu.be/pibSbfAPE-g, ça devrait amplement suffire.
P.S. Concernant le Grévisse, contrairement à ce qui est sous-entendu à la fin de la vidéo, il présente tous les usages, aussi différents et même rares soient-ils, il n'instaure aucune règle unique ni dogmatique, simplement il met évidemment en avant l'usage le plus courant. Quant à la question de l'orthographe, c'est plutôt du côté des dictionnaires qu'il faudrait se tourner, le Grévisse, comme le Bescherelle, n'en est pas un.
- Fabien4927
- ,
- Ami
- et
- Gollum
Quelle patience tu as ! Sous couvert de blagues faciles les pseudo-linguistes empilent tellement de bêtises que c'est décourageant d'expliquer pourquoi les gens rient de se faire abuser. En fait de "conférence", ils proposent (vendent ?) des séances de transmission d'inculture. Le prétendu humour n'y change rien.
Merci pour le temps passé à expliquer.
Ismaren, bravo, tu est admirable!
Comme Fabien, ci-dessus, je te remercie pour le temps passé à expliquer.
Je n'aurais pas mieux dit ! Enfin, si j'avais eu ces quelques connaissances
Merci pour cette tartine fort intéressante.
Autant j'apprécie la critique, autant je m'intérroge sur la pertinence de cette dernière : quel est l'intérêt de faire la critique d'une vidéo d'un quart d'heure quand on sait qu'il s'agit de l'extrait d'un spectacle qui doit faire entre une heure et une heure et demie et qui laisse probablement plus de place à la nuance ? (c'est une vraie question, je ne cherche pas à troller)
J'ajouterais également que contrairement à ce que dis Ismaren, cet extrait donne bien une définition de l'orthographe vers la fin de la vidéo. Définition qui est d'ailleurs reprise dans la description : " Car l'orthographe, c'est pas la langue, c'est juste le code graphique qui permet de la retranscrire. "
- Fabien4927
Autant j'apprécie la critique, autant je m'intérroge sur la pertinence de cette dernière : quel est l'intérêt de faire la critique d'une vidéo d'un quart d'heure quand on sait qu'il s'agit de l'extrait d'un spectacle qui doit faire entre une heure et une heure et demie et qui laisse probablement plus de place à la nuance ? (c'est une vraie question, je ne cherche pas à troller)
Et c'est une bonne question ! La réponse est évidente, tu en donnes d'ailleurs une bonne partie dans ta question, elle tient en deux points :
1) ce n'est pas pertinent, j'ai pris le temps de le faire parce qu'il m'a été demandé de détailler mon avis sur cette vidéo précisément, cet extrait donc ;
2) comme tu le dis, ce n'est rien d'autre qu'une critique de la vidéo, il n'a jamais été question de critiquer le spectacle entier et je n'ai jamais prétendu le faire ; le sujet ici, c'est cette vidéo telle qu'elle a été sciemment mise en libre visionnage sur youtube, et déjà presque 2 millions de vues ! Personnellement, j'y vois un immense problème, car tout à chacun sait que ce que les gens lisent ou regardent sur internet, ils le prennent pour beaucoup comme argent comptant, c'est ainsi que fonctionne internet. Le spectacle en lui-même, je ne sais pas combien de personnes sont allées le voir en salle, en revanche cette vidéo, extraite du spectacle (?), donc oui je te rejoins forcément biaisée (ce qui est bien le problème de cette vidéo et de ceux qui l'ont mise en ligne, pas le mien), j'en vois très bien le nombre de vues, et je trouve cela inquiétant : combien de gens ayant vu cette vidéo sont allés voir le spectacle entier ou ont lu le livre de ces linguistes ?... D'autant plus inquiétant pour une vidéo dans la description de laquelle tu ne trouves aucun lien vers aucune source ni ressource. Croyez ce qu'on dit sur parole, c'est la vérité vraie.
P.S. Sur youtube, la vulgarisation est très présente, mais il faut bien savoir ce qu'on regarde. Si on prend l'exemple de Nota Bene, régulièrement, dans les commentaires, certains spectateurs de la chaîne relèvent des erreurs ou des approximations, etc., dont est très bien conscient Nota Bene, il ne s'en défend même pas, simplement il rappelle que la vulgarisation, ce n'est pas le saint-graal de la connaissance, mais une porte d'entrée (il cite d'ailleurs des sources dans la description de ses vidéos). Tu regardes, je ne sais pas, une vidéo de 15 minutes de Nota Bene sur Azincourt, tu passes un bon moment, mais tu n'en sors pas spécialiste d'Azincourt, simplement parce que 15 minutes, c'est minuscule, ça permet de résumer, et encore, pas tout. Dans notre cas, c'est la même chose, 18 minutes, c'est ridicule pour parler de la question de l'orthographe, c'est une contrainte absurde, seulement n'importe qui ressortira de son visionnage en pensant tout connaître de l'orthographe et de ses travers...
J'ajouterais également que contrairement à ce que dis Ismaren, cet extrait donne bien une définition de l'orthographe vers la fin de la vidéo. Définition qui est d'ailleurs reprise dans la description : " Car l'orthographe, c'est pas la langue, c'est juste le code graphique qui permet de la retranscrire. "
tho417
J'ajouterai simplement que ce n'est pas "contrairement" à ce que j'ai pu écrire. Encore une fois, c'est un problème de méthode. Une définition, c'est en introduction qu'on la trouve, pas au milieu, pas en conclusion, c'est inutile et trop tard, cela témoigne simplement d'une incompétence ou d'une manipulation (manipulation il y a de toute façon, (edit) s'il ne s'agit là que d'un extrait d'un spectacle plus long). Et qui lit la description avant de regarder la vidéo ? De plus, la définition que tu cites n'est pas complète - on notera par exemple l'absence de toute notion d'usage ou de communication, entre autres - et est sujet à très forte discussion, mais comme on la sort du chapeau en fin de partie, on n'a pas à la discuter, pratique. Enfin, le sujet donné en début de vidéo est bien "juger l'orthographe", donc il manquerait toujours la définition de juger.
C'est un terme innocent en apparence, car devenu très courant dans le langage quotidien, mais si on creuse, c'est surtout du vocabulaire juridique, qu'on pourrait développer en "faire le procès de l'orthographe", ce qui implique en l'occurrence une vision ni neutre ni objective de l'orthographe, mais un parti-pris : l'orthographe serait en faute. Alors, comment un simple "code graphique" pourrait être coupable de quoi que ce soit ? En effet, si l'orthographe est bien arbitraire car dogmatique, c'est en gros ce que les deux linguistes cherchent à pointer du doa, il est contradictoire de pouvoir la penser coupable, donc de la juger. Je ne dis pas que cela contredit le propos de la vidéo, simplement que ce n'est pas discuté dans la vidéo, ce qui est bien commode, mais ce qui s'explique encore une fois du fait des contraintes de format et de temps.
En fait, pour moi, cette vidéo est une caricature. Comme toute caricature, elle dit quelque chose de vrai. Mais elle grossit certains traits, particulièrement les défauts, et en amenuise d'autres (le fait que l'orthographe contient l'histoire du mot et permet d'en retrouver plus facilement la racine étymologique pour mieux le comprendre, par exemple : voix, vox, *wk)...
Car si le signe est arbitraire, l'orthographe ne l'est pas. Elle est le fruit d'une évolution historique et pas d'un hasard ou de la décision de quelqu'un à un moment donné.
Quant aux langues aux écritures "phonétiques", ce sont des langues dont l'écriture est récente (le turc, qui est passé de l'écriture arabe à l'alphabet latin, l'espagnol, qui a connu une réforme orthographique draconienne). Je vous parie que dans cinq ou dix mille ans, elles ne seront plus si phonétiques que ça. Bon, d'accord, ce pari est inutile. On ne sera plus là pour vérifier !
C'est un TED talk hein. Donc théoriquement ce n'est pas un extrait d'un spectacle. Juste un format sur un sujet TED dans une limite de temps imparti. Donc il n'y a rien de plus (si ils ont un spectacle annexe c'est un autre sujet, mais les TED talks sont là généralement pour créer une prise de conscience et une réflexion, jamais pour donner une solution - et il semblerait que celui-ci ne déroge pas à la règle - il interroge - donc objectif atteint).
- Fabien4927
- et
- Ismaren
Je connaissais pas ce truc. Sont forts en soft power les Étatsuniens, j'avoue.