De pas très bon souvenir des années 80 ( a bas les masque) 28
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J’ai lu ce document. Je me permets une analyse et des commentaires assez longs, lira et réagira qui voudra.
Sur la forme déjà, les 49 pages de cet exposé anti-JdR sont bien écrites. Claires et didactiques.
Sur le fond, c’est insignifiant (ça n’a pas de sens). Quand ce texte a été rédigé, en 1993, ça pouvait avoir un impact sur la société, car les joueurs de JdR, la première génération de joueurs français, étaient pour la plupart des ados, que les parents regardaient avec une certaine angoisse, comme tout parent regarde ses ados.
Aujourd’hui, il y a des joueurs de JdR ou d’ex-joueurs partout : dans les cabinets ministériels, dans les comités de direction d’entreprises du CAC40… Et parents à leur tour, ils verraient plutôt d’un bon oeil que leurs enfants adolescents jouent à des jeux de rôle plutôt qu’à la Playstation. Ce texte, bien qu’il soit toujours accessible en ligne, provoquera en 2022, au mieux, quelque vague sourire mi-gêné mi-amusé.
Si quelqu’un souhaite provoquer peur et effroi aujourd’hui, il devra trouver un épouvantail plus "moderne" que les JdR pour attirer l’attention sur les dépravations supposées de la jeunesse (au hasard des dernières années : les challenges débiles des réseaux sociaux, les cartouches de protoxyde d’azote, et pour ce qui est des années à venir, je joue gagnant en pariant sur le Metaverse).
Ensuite, la lecture biblique du jeu de rôles -qui a le mérite d’être clairement annoncée dès l’introduction- indiquera sans ambiguïté au lecteur tout le crédit qu’il doit donner au texte qui suit : aucun, à moins qu’il ne soit lui-même un fondamentaliste chrétien.
Etant moi-même gourmand, ce qui est l’un des 7 péchés capitaux, je suis sur qu’une analyse de ma personnalité, à la lumière d’une lecture fondamentaliste de la bible, fera de moi un être pire que Tomas de Torquemada, l’inquisiteur général d’Espagne qui a envoyé près de 10.000 personnes au bûcher (je vous laisse lire sa fiche Wikipédia, c’est assez édifiant).
Il est toujours possible d’analyser une pratique sociale -ce qu’est une partie de jeu de rôles- sous l’angle d’un prisme particulier. Par exemple : "le jeu de rôle est-il de Droite" (après tout, à D&D, c’est un peu la loi du plus fort pour acquérir des richesses, quand on a une approche basique du jeu). Avec le prisme de la bible, il est quasiment certain que toute pratique amusante et a finalité ludique se verra condamnée comme étant l’oeuvre du Malin. C’est comme ça. La bible a été écrite à une époque où il était mal vu que les paysans aient du temps libre et réfléchissent par eux-mêmes.
Enfin et surtout, et l’auteur à l’honnêteté de le reconnaitre, il faisait partie d’un groupe ayant clairement une pratique déviante (au sens : qui s’écarte de la norme) du JdR.
Déjà, le fait que l’un des joueurs fasse passer un "questionnaire" aux autres me choque profondément. Je n’ai jamais vu de pratique similaire : si je voulais savoir ce que mon groupe de joueurs pensait, ou quelle approche du jeu il voulait privilégier, je posais oralement la question et on en discutait tout simplement autour de la table. Bref, on communiquait.
Ensuite et surtout, ces joueurs ont projeté leurs problèmes réels dans le JdR. C’est particulièrement visible dans les réponses au questionnaire : le monde du JdR est perçu comme plus intéressant que le monde réel, laid et difficile à supporter pour certains des joueurs. Leurs personnages sont des versions d’eux-mêmes qu’ils investissent de sentiments non pas liés au jeu et au scénario, mais liés à leur vie à eux, personnes de chair, et à leurs sentiments réels. Il semble d’ailleurs très probable que leurs difficultés familiales personnelles étaient liées à la pesanteur religieuse prévalant à leur éducation (digression personnelle et spéculative : je suis convaincu que chez eux, le problème, ça n’était pas le JdR, mais la religion !)
L’auteur du texte tire ensuite de leur expérience personnelle une généralité pour mettre en garde le lecteur, sans se rendre compte que le problème ne vient pas du JdR, mais de la projection qu’ils ont fait de leurs problèmes réels dans leur loisir. Je parie que si au lieu du jeu de rôle, ces jeunes gens avaient fait partie d’un club de skate-board, et avaient passé tous leurs week-ends avec les membres du club, ils auraient pu écrire une mise en garde sur "les dangers du skate board à l’aune des écrits de la bible" (recherche constante d’adrénaline qui pousse à se mettre en danger physique, risque de blesser autrui, compétition avec les autres skaters poussant à la jalousie et au ressentiment, etc.)
Bref et pour résumer tout mon propos en une phrase de conclusion : ces jeunes gens ont utilisé le "jeu de rôle loisir" comme un "jeu de rôle thérapeutique" afin d’y projeter leurs angoisses et d’y chercher des solutions, sans l’accompagnement d’un thérapeute. Comme c’est écrit dés l’introduction du texte : les deux n’ont rien à voir.
Ce qui m’attriste, c’est que 10 ans plus tard (le texte a été complété en 2002) et une fois adultes, ils ne s’en étaient toujours pas rendu compte.
- MASTER
Déjà, le fait que l’un des joueurs fasse passer un "questionnaire" aux autres me choque profondément. Je n’ai jamais vu de pratique similaire : si je voulais savoir ce que mon groupe de joueurs pensait, ou quelle approche du jeu il voulait privilégier, je posais oralement la question et on en discutait tout simplement autour de la table. Bref, on communiquait.
Je réagis uniquement sur ce point : diffuser des questionnaires est aujourd'hui très très courant sur les serveurs Discord de JDR en ligne, sur les groupes francophones mais surtout sur les groupes anglophones où je n'ai jamais vu de groupe n'utilisant pas de questionnaire.
Quand ce texte a été rédigé, en 1993, ça pouvait avoir un impact sur la société, car les joueurs de JdR, la première génération de joueurs français, étaient pour la plupart des ados, que les parents regardaient avec une certaine angoisse, comme tout parent regarde ses ados.
Juste un mot sur cette phrase en 93 , ce n'était pas la première génération d'ado roliste, la première était début/mi 80 pour les français.
Ce qui m'attriste le plus, c'est qu'en 2022, les préceptes qui ont mennés à ce genre de "chasse" sont toujours présents chez certaines personnes soit disant "adulte et responsable", quelque soit le sujet cible d'ailleurs. La grande question est est ce une majorité ou pas? Bien qu'une minorité bien placé peu nuire à beaucoup, car beaucoup de personnes prennent pour argent comptant ce qui se disent aux news, les ragots et les scoops font toujours de l'audimat, c'est une pure désinformation mais c'est toujours comme cela.
Que des rolistes soient aujourd hui dans la politique , la justice ou à d'autres postes clés de la société, n'empêchent pas leurs pairs de mal penser et d'invoquer une speudo déviance pour juger une personne différente.
je crois que c'est un ensemble de chose qui permettra de faire évoluer l'acceptation des activités d'autrui. Pour le jdr , des thèses, des études des univers de Tolkien en université, littérature comparée, en psychologie, et autres permettant de faire évoluer les mentalités.
D'ailleurs je salus toutes celles et ceux qui se lancent dedans , à part Coralie et feu Isabelle, j'ai oublié vos noms.
- Olivier_M
Je me permet de remettre le lien du post initial sur un article récent qui est un rappel clair et une analyse de ces évènements et précise qu'il y a eu des conséquences et que tout n'est pas réglé.
Cet article date du 26 juillet 2022 : https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/3330015-20220726-panique-morale-jouer-donjons-dragons-rend-sataniste.
@Master : je te prie de m'excuser si je t'ai paru condescendant. J'avais commencé à te faire une longue réponse et ayant constaté qu'elle me mettait trop en récit, je l'ai éffacé comme cela m'arrive souvent. Ceci fait je lis ton post suivant et j'ai eu le sentiment qu'on allait parler que de du passé en une juxtaposition d'expérience traumatique, alors que cet article est au contraire une analyse actuelle et conclue même sur des risques futurs.
Je vois que tu n'es pas loin de Paris, si tu veux on pourrait un soir du mois d'aout faire un atelier JdR/bière/maronniers/débats existentiels pour les quelques forumistes que ça interesse d'en débattre. Vous aurez compris que c'est un peu calme ces 3 semaines !
Perso je cherche des interlocuteurs pour dire du mal de Dumas et Pradel, mais même mes potes de l'époque sont un peu blasés, alors que je suis toujours aussi énervé 30 ans plus tard !
Cela n'a t'il pas toujours été ainsi ?
Je n'étais pas né, mais il me semble qu'a ses débuts le Rock'n roll était accusé de corrompre la jeunesse. Vers 400 avant JC, Socrate, à cause de ses idées et de son enseignement "moderne", était accusé de corrompre la jeunesse. Et, plus proche de nous, il y a eu les jeux vidéos, accusés de rendre les jeunes violents (bref, de les corrompre). Et aujourd'hui, nous sommes en plein dedans, c'est Netflix qui passe pour transformer les spectateurs en blobs décérébrés avachis devant la télé.
C'est le propre de toute nouveauté d'être regardée avec méfiance par ceux qui ont vécus "avant" (avant, c'était toujours mieux), surtout quand ladite nouveauté emporte l'adhésion enthousisate des jeunes.
Moi j'avais 12 ans en 1984 et je jouais à D&D au sous-sol, comme dans Stranger Things. Et bien qu'aucun de mes joueurs n'ait développé de pouvoirs paranormaux (à ma connaissance) et que je n'ai jamais croisé de Démorgorgon en rentrant à vélo, je le sais bien : les jeux de rôles, c'était mieux avant
Ayant vécu cette époque, j’avais 27 ans en 94 et 11 ans de pratique du JdR, merci lorsque vous citez Dumas et Pradel de ne pas oublier De Carolis et son Zone Interdite qui était bien gratiné aussi...
https://youtu.be/OrBc8EzWjcw